Conséquences du déclin de la biodiversité pour la Suisse

La biodiversité décline fortement en Suisse. Ce recul n’est pas sans conséquences pour les humains. Une synthèse de la situation vient d’être publiée par BirdLife Suisse sous la forme d’une nouvelle brochure. Destinée à un large public, elle se veut un outil de compréhension, en marge de la Stratégie Biodiversité Suisse, en cours de consultation. L’exemple de la chevêche, un rapace nocturne menacé qui augmente à nouveau grâce à des mesures de conservation, montre qu’il est possible d’inverser la tendance.

La chouette chevêche a payé un lourd tribut à l’intensification de l’agriculture et son cortège de nuisances pour la biodiversité: millions d’arbres fruitiers à haute tige arrachés, disparition des prairies fleuries par surfertilisation, usage important des pesticides. L’effectif était tombé dans les années 80 à moins de 2% de l’effectif des années 50. Il y a une dizaine d’années, BirdLife Suisse et ses partenaires ont lancé un programme de conservation pour la petite chouette. Son extinction a ainsi pu être évitée de justesse. Les 80 couples dénombrés actuellement représentent 3% de l’effectif initial. La tendance est réjouissante mais montre que les efforts doivent être poursuivis.
 
La nouvelle analyse de BirdLife Suisse illustre la perte généralisée de la biodiversité. Le déclin des écosystèmes les plus précieux est choquant: il ne reste que 5% des grandes rivières naturelles, 12% des marais, 4% des prairies et pâturages secs et à peine 20% des fruitiers à haute tige. Le tableau n’est pas plus brillant pour la diversité des espèces: dans  la majorité des groupes, un tiers à la moitié des espèces sont éteintes, menacées ou potentiellement menacées. La diversité génétique des espèces sauvages a été peu étudiée, mais on dispose d’indices montrant là aussi une forte érosion.

Des conséquences pas anodines
La nouvelle brochure de BirdLife Suisse montre clairement quelles sont les conséquences concrètes de cette perte de diversité pour la Suisse. De nombreux domaines de notre vie quotidienne dépendent en effet de la biodiversité. Cette dernière agit positivement sur notre bien-être et notre santé: la nature et les espaces verts diminuent le stress et favorisent la récupération, une grande partie des médicaments qui nous soignent sont basés sur des principes actifs provenant de plantes ou d’animaux. La diversité du vivant est essentielle à l’agriculture: les prairies de montagne diversifiées s’érodent par exemple moins facilement et leur rendement est plus stable pendant les périodes de sécheresse. Elle atténue les effets négatifs des changements climatiques. La biodiversité garantit aussi notre alimentation.

La biodiversité est la ressource naturelle la plus importante de notre pays. Elle a besoin de mesures urgentes pour sa conservation. L’exemple de la chevêche montre que c’est possible. Il serait irresponsable d’attendre davantage. Il est plus efficace et moins cher d’agir à temps. C’est le seul moyen pour la Suisse d’atteindre les objectifs pour la biodiversité 2020 fixés par la communauté internationale à Nagoya. La Stratégie Biodiversité Suisse, en ce moment en consultation, devrait l’y aider.
 


Renseignements complémentaires - Contacts

  • François Turrian, directeur romand de BirdLife Suisse, 079 318 77 75