Communiqué de presse commun de BirdLife Suisse, Pro Natura et WWF Suisse du 28 octobre 2024
A la conférence de l'ONU sur la biodiversité en cours à Cali, les participant·e·s travaillent intensivement sur les indicateurs permettant d'atteindre les objectifs 2030 en matière de biodiversité. Bien que la Suisse milite au niveau international en faveur de critères de mesure clairs, la Confédération éprouve de grandes difficultés à définir elle-même des mesures et des indicateurs efficaces dans son propre pays. La Suisse a manqué le délai de la COP 16 pour remettre son nouveau plan d'action pour la biodiversité et il faut maintenant profiter de cela pour adapter le projet, absolument insuffisant, aux nouveaux indicateurs.
La conférence de l'ONU sur la biodiversité à Cali est maintenant à mi-parcours. Un objectif important de la conférence : définir des indicateurs qui montrent l'efficacité des mesures. Sur la scène internationale, la Suisse s'engage pour un système de contrôle standardisé et clair. Mais dans notre propre pays, il manque à la fois le nouveau plan d'action et des indicateurs pour la préservation de nos bases vitales naturelles.
Une porte ouverte à l'enjolivement des faits
Le premier Plan d'action biodiversité suisse, qui aurait dû garantir la diversité naturelle dans notre pays, montre ce qui se passe lorsque les indicateurs font défaut. Lorsqu'il a été adopté en 2017, différentes mesures – bien qu'absolument insuffisantes d'un point de vue scientifique – ont certes été définies, mais aucun indicateur ne l'a été. Ces derniers auraient pourtant pu montrer si le plan d'action contribuait réellement et efficacement à la réalisation des objectifs suisses et internationaux en matière de biodiversité. Le fait qu'aucun critère de mesure n'ait été fixé à l'époque s'est avéré payant lorsqu'il a fallu faire le bilan en 2023. L'OFEV a tenté de corriger l'erreur et d'évaluer l'impact des mesures en confiant de coûteux mandats à des sociétés de conseil. Le résultat est un rapport d'efficacité totalement flou, qui a donc pu être enjolivé.
Le Conseil fédéral se moque des électeurs et électrices
Dans le projet de nouveau Plan d'action biodiversité suisse, qui doit s'appliquer à partir de 2025, les indicateurs manquent à nouveau. C'est absolument incompréhensible : sans indicateurs, il n’est pas possible de savoir si l’on est sur la bonne voie pour atteindre les objectifs et d’adapter le cas échéant les mesures. Sous de beaux titres comme « Restauration d'écosystèmes performants », il est prévu, selon le projet du plan d’action, de rédiger de nouveaux rapports d'ici 2030. Mais il y en a déjà bien assez. On sait depuis longtemps ce qu'il faut faire pour la biodiversité. Pourtant, le projet ne contient aucune mesure susceptible d'avoir un impact réel. Le plan d'action nécessite des mesures concrètes et mesurables au moyen des indicateurs. Quels écosystèmes seront restaurés d'ici 2030 ? Comment et avec quelle ampleur ?
Produire des rapports avec le nouveau plan d'action dans l'espoir qu'ils soient repris d'une manière ou d'une autre et qu'ils débouchent sur des mesures est voué à l'échec. D'autant plus que les moyens alloués à la protection de la nature ont été réduits lors de la session d'automne et que de nouvelles propositions de réduction seront mises en consultation en janvier. Un plan d'action sans mesures, indicateurs et ressources nécessaires bafoue les promesses du Conseil fédéral faites aux électeurs et électrices. En effet, avant la votation du 22 septembre, le Conseil fédéral avait promis de préserver les animaux et les plantes menacés ainsi que les habitats menacés grâce à un nouveau plan d'action efficace.
Entre-temps, 115 pays ont déjà présenté à Cali leurs objectifs ou plans d'action pour la conservation de la diversité naturelle dans leur pays – ce qui n'est pas le cas de la Suisse. Cette omission doit au moins être mise à profit pour réviser le projet de Plan d'action biodiversité, absolument insuffisant, et pour y intégrer les nouveaux indicateurs de Cali. Ce n'est qu'ainsi que le plan d'action pourra contribuer efficacement à la préservation de nos bases vitales naturelles.
Informations complémentaires :
- BirdLife Suisse : François Turrian, directeur romand, +41 79 318 77 75, francois.turrian@birdlife.ch
- Pro Natura : Sarah Pearson Perret, secrétaire romande, +41 24 423 35 66, sarah.pearsonperret@pronatura.ch
- WWF Suisse : Sophie Sandoz, chargée de communication pour la Suisse romande, 021 966 73 71, sophie.sandoz@wwf.ch