Merle noir

Le merle noir

Roi des chanteurs, le merle noir rend les réveils aux aurores bien plus doux. Son chant mélodieux, plein de variations, contraste avec son plumage noir ébène. C'est sans nul doute sa meilleure arme de séduction. Troquons donc nos vieilles allées de thuyas contre des palissades de bois qu'on laissera s'envahir de lierre. Le merle et ses cousines les grives raffolent de ses baies qui murissent au coeur de l'hiver.
  


Dans les jardins suisses

Il sauvera vos salades

Avis aux jardiniers: oubliez les granules anti-limaces et investissez plutôt dans des aménagements extérieurs qui favorisent les merles! Ces derniers se feront un plaisir de patrouiller autour de vos salades et de gober toutes les limaces et escargots qu'ils repéreront. En plus de cela, leur tendance à chaparder les fruits est bien utile pour disperser les graines. En effet, les graines qui ont été ingurgitées par des oiseaux germent mieux que celles qui tombent et sèchent au sol et elles sont transportées plus loin.

Comment le favoriser?

Les palissades en bois que l'on laisse se recouvrir de lierre présentent une très bonne alternative aux haies d'arbustes exotiques (thuyas, laurelle,..) qui ne présentent elles, aucun avantage écologique. En effet, en plus de fournir une barrière visuelle tout au long de l'année, cette plante au feuillage persistant produit des baies très appréciées des oiseaux. Le lierre mûrit au coeur de l'hiver, à cette période où la nourriture se fait de plus en plus rare pour les passereaux hivernant sous nos contrées. Ses baies, très riches en calories, sont un apport bienvenu en attendant le retour de la belle saison. Comme elles restent jusqu'en avril sur la plante, les premiers migrateurs à revenir, affamés par leur long voyage, en profitent également beaucoup.

Une autre mesure essentielle est de prévenir les attaques des chats domestiques. On les croit inoffensifs, mais la réalité est moins tendre. Ils sont responsables de véritables carnages. Les petits merles sont des victimes de choix car ils quittent le nid avant de savoir voler, ce qui en fait des proies faciles.  Quelques conseils pour diminuer la prédation

  • Ajouter une clochette au collier de son chat
  • Faire castrer ses matous
  • Placer les nichoirs hors de portée des chats (le mieux étant de recouvrir les troncs d'une plaque de plexiglas)
  • Planter des buissons épineux qui serviront de refuge aux oiseaux
  • Garder les chats à l'intérieur 

Pour plus de conseils sur l'aménagement d'un jardin accueillant pour la petite faune, consulter notre page «La nature près de chez soi».

Effectifs

Les populations de merles noirs sont en augmentation au cours des dernières années. Ses exigences écologiques étant faibles, ce passereau a su s'adapter à merveille à l'Homme et en profite même. On dénombre entre 500'000 et 700'00 couples nicheurs en Suisse. Au cours des dernières éditions de l'action «Oiseaux de nos jardins», l'espèce était systématiquement la plus fréquente dans les jardins et parcs helvétiques.
 


Portrait

Une élégante sobriété

Seul le bec orange criard contraste avec le plumage uniformément noir satiné du mâle. La femelle, elle, est plus cryptique. Son plumage est brun, marqué de tâches diffuses sur le ventre. Les jeunes oiseaux sont plus clairs et très mouchetés. On retrouve souvent ces petites boules de plumes duveteuses, encore incapables de voler, cachées dans des buissons, à proximité du nid où ils ont grandi. Si vous les apercevez, ne tentez surtout pas de les sauver. C'est là l'ordre naturel des choses et les parents restent toujours à proximité pour veiller sur leur progéniture.

  

© Michael Gerber. Gauche: Les femelles, au plumage brun moucheté, sont plus cryptiques que les mâles. Droite: Il arrive que des merles soient atteints de leucisme ou d'albinisme. Les symptômes en sont une dépigmentation partielle ou totale des plumes.

Pas difficile, le merle

Les couples se forment au cours de l'hiver déjà et partent en quête d'un site adapté. Ils cherchent des arbres ou des arbustes feuillus, mais peuvent se contenter d'un peu de lierre, d'un tas de branches mortes ou même d'une poutre sous l'avant-toit. L'important étant que leur édifice soit caché des regards. Dès lors, la femelle s'active à façonner un nid dans les branchages en colmatant des brins d'herbes avec de la boue, le mâle participe en amenant des matériaux de construction. En 3 jours, l'ouvrage est généralement achevé et la nidification peut commencer. La femelle pond 3 à 6 oeufs qu'elle couve durant une quinzaine de jours. Prolifique, Madame merle élève jusqu'à 3 portées par année.

Un nouveau venu

Le merle noir n'a pas toujours fait partie du paysage habité. Jusqu'au 19ème siècle, il était en effet inféodé au milieu forestier. Il s'est depuis approprié jardins et parcs urbains où il trouve de la nourriture à profusion et ne souffre d'aucune concurrence.

A chaque temps son menu

Le merle noir adapte son alimentation non seulement au fil des saisons, mais également aux conditions météorologiques. Les vers de terre constituant sa nourriture de prédilection, il part à leur quête dès que le temps est humide. Ce chasseur hors pair peut se fier à sa fine ouïe: il est capable de détecter les vibrations des invertébrés qui se déplacent sur terre et sous terre. Vous pourrez souvent l'observer qui trottine sur quelques mètres, s'arrête soudain, dodeline la tête et se met furtivement à fouiller les feuilles mortes ou à creuser le sol. C'est également un grand amateur de fruits. Il n'est ainsi pas rare de le voir se régaler de cerises et autres fruits de nos jardins, mais également de baies sauvages. 

   

© Michael Gerber. Un jardin riche en structures comme des haies (source de nourriture, à gauche) et des mares (pour se baigner, à droite) attire bien plus d'oiseaux qu'un gazon entretenu au Roundup.
 


Chant

Le chant du merle est l'un des plus mélodieux qui soient. Il est difficile à décrire, tant il est inventif. Ce qui le caractérise avant tout, c'est son tempo lent, les nombreux «glissandi» qui ornent les strophes et les gazouillis finaux.

Pour entendre le chant du merle, réécoutez la chronique de François Turrian du 1er avril 2018.