Tout juste revenu de la Méditerranée où il a passé l'hiver, le rougequeue noir n'est pas du genre à cacher sa présence. Dès le début du printemps, il est omniprésent dans les villes comme à la campagne. Perché sur les toits ou en haut des arbres, ce lève-tôt n'attend pas les premières lueurs pour se faire entendre et joint chaque matin son chant grésillant aux hululements des chouettes et des hiboux.
Dans les jardins suisses
Petit mais vorace
Malgré son poids plume, le rougequeue noir est vorace et ingurgite quotidiennement de grandes quantités d'insectes. Il est à ce titre très utile pour lutter contre les ravageurs. C'est un très bon auxiliaire de culture dans les vignobles, milieux ouverts qu'il affectionne beaucoup pour chasser.
Comment le favoriser?
Tout d'abord, le rougequeue a besoin d'une source de nourriture abondante, soit de beaucoup d'insectes. Pour cela il faut favoriser les structures profitant aux insectes: prairies fleuries rarement fauchées, ourlets herbeux, haies, tas de bois mort. A côté de cela, il lui faut des surfaces de sol nu où il détectera ces mêmes insectes et les chassera. Les jardins comportant un potager et des zones de gravier ou de sable ainsi que des arbustes et/ou des bandes de fleurs l'attireront ainsi en particulier. Dans les vignobles, une diminution de l'utilisation des produits phytosanitaires profitera beaucoup à ce passereau qui se chargera en échange de réguler les ravageurs.
Dans la construction, le rougequeue noir apprécie les poutres apparentes sur lesquelles il s'installe volontiers pour nicher.
Effectifs
On estime que 250'00 à 500'00 rougequeues noirs nichent en Suisse. Après une diminution des effectifs au cours des années 1990, l'espèce s'est rétablie au cours des 20 dernières années. Durant les quatre dernières éditions de l'action «Oiseaux de nos jardins», le rougequeue noir était présent en moyenne dans 60% des parcs et jardins recensés.
Portrait
Tel un petit ramoneur
C'est la couleur rouille de sa queue qui a donné son nom à ce charmant oiseau. En dehors de cet attribut, le plumage du mâle est quasi uniformément gris-ardoise, comme un petit ramoneur, alors que la femelle est majoritairement gris-brun. On retrouve souvent le rougequeue noir perché en hauteur, sur un toit, une cheminée, un arbre ou tout autre poste dégagé. De là, il prospecte les alentours, à l'affut de proies. Très agité, il n'a de cesse de battre nerveusement sa queue de haut en bas.
© Michael Gerber. Gauche: Les rougequeues noirs étaient originellement inféodés aux régions rocheuses de montagne. Droite: Les rougequeues ont besoin de zones au sol nu pour chercher leur nourriture.
Un montagnard descendu en plaine
Originellement, le rougequeue noir est un oiseau rupestre, inféodé aux régions minérales de montagne. Aujourd'hui encore, on le retrouve jusqu'en haute montagne où il niche dans les fissures des falaises. Il a cependant très bien su s'adapter à la présence humaine et profiter des constructions. Semi-cavernicole, il niche volontiers dans les avant-toits et sur les poutres apparentes. L'élément paysager le plus déterminant pour ce petit passereau est la présence de surfaces ouvertes dégagées où il peut chasser. Si la proportion de ligneux dépasse les 25% dans un habitat, il est rare d'y trouver cette espèce.
Dépendant des surfaces de sol nu
Le rougequeue noir est principalement insectivore. Pour chasser, il s'installe sur un poteau, un arbre ou tout autre poste d'observation d'où il surveille le sol à l'affût d'insectes, araignées et autres invertébrés. L'absence ou la faible proportion de végétation au sol est essentielle pour qu'il puisse détecter ses proies. Il se nourrit également occasionnellement de petits fruits qu'il cueille à même les arbres.
Chant
Le chant du rougequeue noir est très typique. Il commence par deux ou trois sifflements suivis d'un son très particulier rappelant le crissement d'un papier froissé. Il est le premier des oiseaux «diurnes» à commencer à chanter le matin. En mai et en juin, on peut l'entendre dès 4h du matin.
Pour entendre le chant du rougequeue, réécoutez la chronique de François Turrian du 8 avril 2018.