Communiqué de presse de BirdLife Suisse et de la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage FP du 7 novembre 2017
Depuis la mémorable votation de Rothenthurm de 1987, les marais de Suisse sont protégés par la Constitution. A l’occasion du trentième anniversaire du scrutin, BirdLife Suisse et la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage FP ont élaboré un rapport sur l’état actuel des marais en Suisse. Le résultat est dramatique : la qualité des zones humides est aujourd’hui très loin de ce qu’elle devrait être selon la Constitution. La protection effective des marais doit être améliorée rapidement.
Grâce à l’initiative de Rothenthurm, tous les marais de Suisse ont été mis sous protection en 1987. Vingt ans plus tard, en 2007, la Confédération a publié une étude détaillée sur l’état des marais. A l’époque déjà, l’état des marais avait été jugé alarmant. Selon l’étude, en raison de l’assèchement et de l’augmentation des nutriments dans le sol, ces biotopes perdent peu à peu leurs caractéristiques typiques : leur humidité et leur pauvreté en nutriments. Le caractère acide des hauts-marais est en outre altéré.
Aujourd’hui, à l’occasion du trentième anniversaire de la votation de Rothenthurm, BirdLife Suisse et la Fondation pour la protection et l’aménagement du paysage FP présentent un nouveau rapport sur l’état des marais. Il contient tous les éléments qui documentent l’évolution des marais durant ces dix dernières années.
Les marais s’assèchent, sont envahis par la végétation et reçoivent trop de fertilisants
La publication de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) du mois de juillet sur l’état et l’évolution de la biodiversité en Suisse est particulièrement instructive. Elle fait référence aux résultats de 2007 et montre en s’y basant que « de premiers résultats du suivi des effets de la protection des biotopes en Suisse indiquent que cette tendance négative se poursuit : les marais contiennent plus de nutriments et ils deviennent plus secs et envahis par la végétation. L’embroussaillement progresse dans deux tiers des bas-marais environ et ce processus est particulièrement marqué en altitude : dans les marais situés au-dessus de 1 000 m, il est en moyenne cinq fois plus rapide que sur les autres sites. »
L’embroussaillement indique que les sites sont laissés à l’abandon ou gérés de manière inappropriée. Ce phénomène provoque la disparition des espèces animales et végétales liées aux marais. La publication de l’OFEV l’indique clairement : après la situation alarmante de 2007, l’état des marais ne s’est pas amélioré ces dix dernières années, mais au contraire s’est encore détérioré!
Le résultat est confirmé par d’autres sources : la moitié des marais est dans un mauvais état. Outre l’assèchement et l’eutrophisation, le processus de formation de la tourbe est souvent perturbé et les surfaces de marais sont toujours en léger recul. Les espèces menacées trouvent toujours moins d’habitats adéquats. Plusieurs espèces comme le courlis cendré (oiseau), le fadet des tourbières (papillon) ou la violette naine (plante) ont disparu. Au total, 79% des hauts-marais et 30% des bas-marais d’importance nationale doivent faire l’objet de mesures de revitalisation et d’entretien.
Une protection renforcée et un entretien adéquat sont urgents
Dans l’ensemble, la qualité des marais de Suisse est plus éloignée que jamais d’un état conforme à la Constitution selon le rapport de BirdLife Suisse. Une meilleure protection des marais et un entretien adapté sont donc urgents. Ces mesures sont également très importantes pour la protection du climat : des marais intacts stockent le CO2, des marais détruits en libèrent. Pour François Turrian, directeur romand de BirdLife Suisse, « les milieux politiques et les administrations aux niveaux fédéral et cantonal doivent enfin mettre en oeuvre la Constitution fédérale dans le domaine de la protection des marais. »
Rapport
Images
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La moitié des zones marécageuses de Suisse sont dans un état préoccupant. Des travaux d'entretien inadaptés (p.ex fossés de drainage trop profonds qui assèchent les marais) empirent encore la situation. Image: BirdLife Schweiz |
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Beaucoup d'espèces dépendantes des zones marécageuses ont déjà disparu en Suisse. La bécassine des marais, par exemple, ne niche plus régulièrement dans notre pays. Image: BirdLife Schweiz |
Contact
Werner Müller, Geschäftsführer BirdLife Schweiz, werner.mueller@birdlife.ch, Tel. 079 448 80 36
