Projet de parc éolien de Montoz-Pré Richard: Des atteintes disproportionnées aux valeurs naturelles et paysagères

Communiqué de presse commun de BirdLife Suisse, Helvetia Nostra et la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage FP du 27 novembre 2018

Le projet de parc éolien de Montoz-Pré Richard, sur la commune de Court (BE) est jugé très problématique par les organisations de protection de la nature et du paysage. Les organisations BirdLife Suisse, la FP et Helvetia Nostra ont relevé des atteintes importantes à plusieurs espèces d’oiseaux menacées, au pâturage boisé et au paysage. Le rapport d’impact sur l’environnement présente des lacunes manifestes et n’a de surcroît pas été coordonné avec le parc adjacent de la montagne de Granges (SO). Pour les ONG, le projet n’est pas compatible avec la législation et aurait du être remis en question déjà au niveau de la planification éolienne directrice du canton de Berne et du Jura bernois. Elles ont donc déposé une opposition conjointe auprès de la commune de Court.

La commune de Court (Jura bernois) a mis à l’enquête un plan de quartier valant permis de construire, destiné à réaliser un parc éolien de sept machines sur la crête et le vallon de Montoz-Pré Richard. Ce projet est porté par le service de l’énergie de la ville de Bienne.

Technique du salami et lacunes du RIE

A l’examen des pièces du dossier, les organisations BirdLife Suisse, Helvetia Nostra et la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage FP ont relevé des lacunes importantes dans le rapport d’impact sur l’environnement RIE. Alors même que le projet est contigu au projet de la montagne de Granges (SO), les RIE ont été menés de manière complètement séparée. Pour Anne Bachmann, chargée d’affaires à Helvetia Nostra, « cette absence de coordination matérielle et formelle s’apparente à la technique du salami et est contraire à la Loi sur l’aménagement du territoire ». Le RIE présente plusieurs autres lacunes, notamment l’absence complète d’étude sur la migration. Les données récoltées sur les chauves-souris, très vulnérables aux collisions, sont insuffisantes pour assurer que le parc ne cause pas leur déclin régional. Pour Roman Hapka, directeur suppléant de la FP, « un avis circonstancié sur l’effet porté au site du Weissenstein tout proche, figurant à l’inventaire fédéral des paysages, sites et monuments naturels (IFP) est incontournable. »

Atteintes importantes à l’avifaune

L’implantation du parc est particulièrement problématique pour un cortège d’espèces d’oiseaux très menacées à l’échelle nationale (Grand tétras, bécasse des bois, alouette lulu) ou en déclin marqué (pipit des arbres, merle à plastron par exemple). François Turrian, directeur romand de BirdLife Suisse précise : « avec 17 espèces nicheuses particulièrement sensibles aux éoliennes répertoriées dans le périmètre, le projet de Montoz-Pré Richard est l’un des plus néfastes de Suisse pour l’avifaune ». Les turbines sont prévues d’être implantées à faible distance des boisements, ce qui amplifie les risques de collisions pour les oiseaux et les chiroptères.

La commune de Court a décidé d’abroger simplement la zone de protection communale du paysage ZPP à l’intérieur du périmètre d’implantation qui prévalait jusqu’ici depuis 1991. Cette ZPP permettait précisément de « préserver la richesse naturelle du lieu et la beauté du paysage ».

Les ONG estiment que le projet soumis n’est pas en situation d’être autorisable ; elles ont déposé une opposition circonstanciée auprès de la commune de Court.

Eolien : planifications souvent déficientes

Pour BirdLife Suisse, Helvetia Nostra et la FP, les cantons doivent mieux tenir compte des impacts des projets éoliens sur la nature et le paysage au moment de la planification directrice déjà. Produire de l’électricité doit être possible sans sacrifier les zones naturelles les plus précieuses du pays. La Stratégie énergétique 2050 de la Confédération doit aussi s’adapter pour favoriser les productions véritablement respectueuses de la nature. Au moment où l’état de la biodiversité n’a jamais été aussi préoccupant, il est essentiel pour les ONG de ne pas sacrifier les richesses naturelles et paysagères sur l’autel du tournant énergétique.

 


Renseignements

  • François Turrian, directeur romand BirdLife Suisse, tél. 079 318 77 75
  • Roman Hapka, directeur suppléant Fondation Paysage, tél. 079 601 76 64  
  • Anne Bachmann, chargée d’affaires Helvetia Nostra, tél. 078 629 82 70  

 


Image

La combe de Montoz-Pré Richard en direction de l’ouest avec le Chasseral au fond à gauche. Le parc éolien impacterait le pâturage boisé et son cortège d’espèces menacées.

Photo: BirdLife Suisse

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