En Suisse, il est de la responsabilité des cantons de garantir la qualité des eaux de surface. Cependant, des études récentes ont montré que de nombreux cours d’eaux et lacs suisses sont fortement pollués. Les cantons se sont justifiés en argumentant que les valeurs définies par la Confédération en matière de pollution n'étaient pas praticables et ne reflétaient pas l'écotoxicité des différents polluants. Afin de faciliter le travail de contrôle des cantons et de concentrer les efforts sur la limitation des micropolluants les plus nocifs, la Confédération a entrepris de modifier l’Ordonnance sur la protection des eaux (Oeaux). En pratique, les valeurs-limites de pollution de 38 pesticides vont être adaptées et des valeurs-limites vont être introduites pour 13 médicaments et 4 produits chimiques industriels. Le principe de pollution aigüe – valeur limite qui ne doit jamais être dépassée – et de valeur chronique – valeur moyenne qui ne doit pas être dépassée sur une période de 2 semaines – va également être intégré à l’Oeaux.
L’OFEV, en se basant sur des études écotoxicologiques récentes, propose d’abaisser les valeurs-limites de pollution aigüe de 4 pesticides et de rehausser les valeurs limites pour 32 pesticides, dont le glyphosate. Si le projet de modification est accepté, la concentration maximale autorisée de glyphosate dans les eaux passerait de 0.1 μg/l ,actuellement, à 360 μg/l , soit une augmentation d’un facteur de 3600!
BirdLife Suisse salue l’adoption de valeur limites pour plusieurs médicaments et produits chimiques industriels et les efforts ciblés pour réduire les doses de micropolluants les plus néfastes pour l’environnement. Il est cependant regrettable que les valeurs-limites de plusieurs produits chimiques soient revues à la hausse. En effet, l’effet combinés des différents micropolluants n’est absolument pas étudié. Dans ces conditions, le principe de précaution doit prévaloir et les valeurs-limites des pesticides ne devraient en aucun cas être pareillement rehaussée. BirdLife Suisse rappelle également que la réduction de l’utilisation des pesticides doit être l’un des objectif de la politique agricole future, PA 22+.
1.2.2018