La chevêche d'Athéna est l'oiseau de l'année 2021

Communiqué de presse du 26.11.2020

BirdLife Suisse a élu la chevêche d‘Athéna « Oiseau de l'année 2021 ». Ce petit rapace nocturne symbolise les beaux succès auxquels des projets de conservation peuvent aboutir. Il illustre également les conséquences du manque d'importance donné à la biodiversité dans les politiques publiques liées à l’aménagement du territoire et à l’agriculture. Ses yeux magnifiques et son appel miaulé semblent nous inviter à la considérer comme une ambassadrice de choix de la qualité des paysages cultivés et de l’infrastructure écologique.

La chevêche d’Athéna est un oiseau très expressif : sous des sourcils marqués, ses yeux perçants ressortent comme deux petites billes d’or. Cette petite chouette, qui ne mesure que 20 centimètres, reste toute l’année sous nos latitudes. Pour se nourrir, elle chasse diverses petites proies, comme des rongeurs, des reptiles ou des insectes. Contrairement à beaucoup d’autres rapaces nocturnes, il est possible de l’observer en plein jour.

L’importance des vieux arbres

Dès le début du printemps, les cris de la chevêche d’Athéna retentissent dans la nuit. La chouette se reproduit de préférence dans les cavités de vieux arbres. Comme nombre de vieux arbres ont été abattus au cours des décennies passées, elle occupe aujourd’hui souvent les nichoirs spécialement conçus à son intention. Ces derniers sont construits de sorte que les fouines, de redoutables prédateurs, ne puissent pas s’y introduire. Entre mai et juin, la chevêche d’Athéna élève trois à cinq petits. Les jeunes chevêches sortent du nid à la fin du mois de juin, avant même de savoir voler. Elles grimpent alors sur les branches environnantes et s’y installent de manière souvent ostensible. Début août, elles se séparent de leurs parents et partent en quête de leur propre territoire. La majorité des chevêches s'installent à moins de 10 km de leur lieu de naissance, pour autant que des habitats appropriés soient disponibles.

Au bord de l’extinction il y a peu
Alors qu’elle était autrefois commune dans les vergers du Plateau et du Jura, la chevêche d’Athéna s’est raréfiée au siècle dernier. Il y a 20 ans, l'espèce était au bord de l'extinction en Suisse : seuls, 50 à 60 couples étaient encore recensés. Heureusement, grâce aux projets ambitieux de BirdLife Suisse et de ses nombreux partenaires, la tendance a pu être inversée. En 2020, 149 mâles chanteurs ont été dénombrés. Des populations sont aujourd’hui présentes dans les allées de chênes du canton de Genève, dans les vergers à haute tige de l'Ajoie, dans les plaines du Tessin et dans la région des Trois-Lacs. Les effectifs de cet oiseau sont toutefois encore insuffisants pour garantir sa survie à terme dans notre pays.

Laisser de la place à la nature
L’augmentation réjouissante des effectifs de la petite chevêche ne doit pas faire oublier les causes de son déclin. Au cours des dernières décennies, des millions d'arbres fruitiers haute tige ont été abattus, des vergers remplacés par des constructions et les haies et autres éléments structurels systématiquement éliminés. La fertilisation excessive et l'utilisation massive de pesticides ont été tout aussi dommageables en privant la chevêche d’Athéna d’une bonne partie de ses ressources alimentaires.

Les habitats existants doivent être protégés grâce aux outils de l'aménagement du territoire pour éviter qu’ils ne soient transformés en terrains à bâtir. Pour BirdLife Suisse, il s’agit également créer de nouveaux vergers et d’améliorer la qualité des habitats grâce à des mesures comme le fauchage échelonné des prairies, la pâture autours des vergers, la création de nouvelles zones de promotion de la biodiversité et l’aménagement de nombreuses petites structures.

Le rôle de l’infrastructure écologique
Les succès obtenus jusqu'à présent montrent que les programmes de conservation des espèces fonctionnent. Toutefois, pour assurer la survie à long terme de la chevêche d’Athéna, les mesures propices doivent être accompagnées d'une politique agricole cohérente : il s’agit de supprimer les subventions néfastes à la biodiversité et d’offrir dans le même temps aux agriculteurs des incitations appropriées pour la protection et la promotion des espèces menacées. La chevêche d’Athéna nous montre également que la Suisse a besoin d'une infrastructure écologique fonctionnelle. Les sites prioritaires pour les populations doivent être préservés, étendus et au besoin créés.. La mise en réseau des sites prioritaires par des corridors biologiques est également essentielle. C'est la seule façon de fournir des habitats non seulement à la chevêche d’Athéna, mais aussi à de nombreuses autres espèces animales et végétales.

BirdLife Suisse rappelle qu'il est urgent d’adopter une politique agricole plus écologique et de repenser l’aménagement du territoire si l’on veut que la chevêche d’Athéna et de nombreuses autres espèces typique du milieu cultivé aient un avenir en Suisse.

Vous trouverez plus d’informations et un film sur la chevêche d’Athéna sous :

BirdLife Suisse

Avec un total de 67'000 membres, BirdLife Suisse est l'organisation faîtière de 21 associations cantonales / organisations nationales et d'environ 440 associations locales de protection de la nature et des oiseaux. En tant qu'association polyvalente de protection de la nature, elle s'engage à préserver et à promouvoir la nature dans les forêts, les terres cultivées et les zones urbaines, en particulier pour les oiseaux et leurs habitats. Elle réalise des projets visant à protéger les espèces et les habitats menacés en Suisse et à l’étranger. Par le biais de son magazine Ornis et des trois centres de protection de la nature de La Sauge sur le lac de Neuchâtel, du marais de Neerach dans le canton de Zurich et du lac de barrage de Klingnau, BirdLife s’engage pour l’éducation et la sensibilisation de la nature auprès d’un large public

 


Matériel filmographie et images

BirdLife Suisse a élu la chevêche d'Athéna "Oiseau de l'année 2021". Photo : Martin Becker

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La reconstitution des effectifs depuis le début du millénaire est un grand succès de BirdLife Suisse et de ses partenaires. Un autre défi sera d'assurer la survie à long terme de la chevêche d'Athéna grâce à une infrastructure écologique fonctionnelle et une politique agricole moderne. Photo : Mathias Schäf

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L'habitat de la chouette chevêche est caractérisé par une mosaïque de petites structures, de végétation basse et d'arbres avec des possibilités de nidification. Photo : BirdLife Suisse

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L'extinction de la petite chouette a pu être évité grâce à la protection des dernières populations subistantes. Photo : BirdLife Suisse

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Contact

François Turrian, francois.turrian@birdlife.ch, Tel. 09 318 77 75