Torcol fourmilier © Michael Gerber

Oiseau de l'année 2007 : Torcol fourmilier

Le torcol fourmilier, oiseau de l'année 2007 de BirdLife Suisse, est un oiseau brun, couleur d'écorce, de la famille des pics. Encore bien répandu dans toute la Suisse il y a quelques dizaines d'années, on ne le trouve aujourd'hui plus que rarement sur le Plateau. Son recul est dû à l'intensification de l'agriculture et à la disparition des vergers à haute tige, qui constituent un habitat important pour lui. BirdLife Suisse s'engage pour la préservation des vergers à haute tige et encourage l'utilisation extensive des prairies et des pâturages.

Maître du camouflage

D'une taille de 17 cm, le torcol fourmilier fait partie des pics, malgré son bec plutôt court. Grâce à son plumage gris-brun-noir qui ressemble à un bout d'écorce, le torcol est bien camouflé quand il se tient sur les arbres ou au sol. En cas de danger, il tourne le cou et la tête à la manière d'un serpent et émet des sifflements. Le torcol est un oiseau migrateur qui séjourne chez nous d'avril à septembre et qui hiverne dans les savanes africaines.

Chasseur de fourmis

Le torcol est un spécialiste de la chasse aux fourmis et à leurs larves et pupes. Il ouvre les fourmilières avec son bec et extrait les fourmis des trous grâce à sa langue collante. Parfois, il va aussi se servir le long des pistes de fourmis. Le torcol est dépendant des fourmis qui construisent des fourmilières en surface, son bec n'étant pas adapté pour creuser le sol. Mais ces fourmilières sont devenues rares dans nos prés exploités intensivement. L'utilisation d'insecticides a également décimé les fourmis. Pour ces raisons, le torcol ne trouve plus assez de nourriture dans bien des régions. En plus des fourmis, le torcol mange parfois aussi d'autres insectes ou des araignées, rarement des baies.

Reproduction

Contrairement à la plupart des autres pics, le torcol ne construit pas lui-même sa cavité. Il est dépendant des cavités existantes. Il niche fréquemment dans d'anciens trous de pics, parfois aussi dans des nichoirs. La femelle pond en général 7-10 oeufs qui sont couvés par les deux partenaires jusqu'à l'éclosion des jeunes, environ deux semaines plus tard. Après trois autres semaines, les jeunes quittent le nid, mais leurs parents s'occupent encore d'eux pendant quelques semaines. Ils sont essentiellement nourris de fourmis et de leurs larves. Lors de bonnes années, et si la première couvée est rapidement terminée, les torcols peuvent se reproduire une seconde fois. En cas de perte d'une nichée, une couvée de remplacement est souvent commencée en l'espace de quelques jours seulement.

Habitat menacé

Pendant la saison de reproduction, le torcol montre une préférence pour les forêts clairsemées ou les paysages ouverts parsemés d'arbres. Il a besoin de zones de sol nu et de prairies avec une végétation ni trop dense, ni trop haute, ainsi que de cavités adéquates dans les vieux arbres. Ses habitats typiques sont les vergers, les forêts claires, les parcs ou les grands jardins.
Ces dernières décennies, les vergers à haute tige de grande valeur écologique ont souvent dû céder la place à des vergers basse tige plus rentables ou à des projets de construction. La raréfaction de cet habitat a entraîné la disparition du torcol en maints endroits du Plateau suisse. Des populations d'une certaine importance ne subsistent plus qu'au Tessin, en Valais et dans les Grisons.

Protection des habitats

La conservation et la replantation de vergers dont les surfaces sont exploitées de manière extensive peut apporter une contribution importante à la protection du torcol. BirdLife Suisse s'engage dans plusieurs projets pour le maintien de cet habitat précieux. La promotion de biotopes agricoles exploités de manière extensive est également importante pour les fourmis, source de nourriture principale des torcols.

Manque de cavités de nidification

En plus de la disparition de son habitat et de ses ressources alimentaires, le manque de cavités de nidification pose également des problèmes au torcol. En raison de la raréfaction des vieux arbres, les cavités naturelles sont de moins en moins nombreuses. La pose de nichoirs pourrait contribuer à une nette augmentation des effectifs dans certaines régions. A long terme, il serait cependant important de favoriser les vieux peuplements d'arbres, par exemple dans les parcs et les grands jardins ou dans les vergers à haute tige.
   


Informations complémentaires


  
Photos: Michael Gerber, Eduard Germann, Erich Lüscher, Rolf+Sales Nussbaumer